Les Maires de Rueil pendant la période révolutionnaire

Les Maires de Rueil pendant la période révolutionnaire


Un des premiers chantiers de l’Assemblée Nationale Constituante de 1789 fut la réorganisation de l’administration dans un but de rationalisation et de démocratisation. C’est ainsi que le village de Rueil est institué en commune, du canton de Marly, dans le district de Versailles lui-même partie prenante du département de Seine-et-Oise.
Le vote est de type censitaire c’est-à-dire que ne votent que citoyens actifs, ie. des hommes de plus de 25 ans payant un impôt correspondant à la valeur de trois journées de travail. Les maires et les conseillers municipaux, élus pour 2 ans, renouvelés par moitié tous les ans et doivent payer un impôt correspondant à dix journées de travail. Ce système favorise évidemment la bourgeoisie.

Mandat Henry Delamanche (1790-1791)

En janvier 1790, le premier maire « démocratiquement » élu de Rueil est un certain Henry Delamanche, avocat au parlement dont le père était secrétaire du roi. Il est assisté de sept officiers municipaux, des artisans pour la plupart.

Mandat Jean-Louis Ruffin (1791-1791)

Il est remplacé en février 1791 par Jean-Louis Ruffin, épicier de son état.

Les maires de l’époque exercent les fonctions de police avec leurs adjoint, un garde champêtre et une garde nationale formée par les citoyens actifs Ils sont également chargés de gérer la nationalisation des biens du clergé ce qui implique de recenser ses biens, recueillir le serment de fidélité du clergé (ce que fera le curé de Rueil en décembre 1790), organiser la charité en substitution du curé.

Premier mandat Aaron Lavoipierre (1791-1792)

La fuite du roi et son arrestation à Varennes à l’été 1791, entraine des tensions au sein du conseil municipal entre Jean-Louis Ruffin plus modéré et ses officiers municipaux. Il démissionne et est remplacé en novembre 1791 par Aaron Lavoipierre, boucher dans le civil, membre du conseil municipal. A l’époque déjà, la municipalité manque de moyens pour régler les affaires courantes.

Le 11 juillet 1792, devant la montée des périls aux frontières, la République se mobilise. A Rueil, cela se traduit par des défilés et le recrutement de gardes nationaux. Le 25 juillet, un arbre de la liberté est planté place de l’église. Le grand évènement qui va frapper Rueil directement, est le massacre des gardes suisses du roi en défendant les Tuileries qui va voir se vider la caserne que Rueil abritait.

Deuxième Mandat Aaron Lavoipierre (1792-1795)

Avec la déchéance du roi vient la proclamation du suffrage universel qui va remplacer le suffrage censitaire : tout citoyen (masculin) âgé de plus de 21 ans et qui n’exercice pas la fonction de domestique peut voter. Le premier scrutin démocratique confirme le vote antérieur : Aaron Lavoipierre regagne ses élections qui s’étaleront sur 3 jours. Il faut dire que si elle a bien respecté des usages démocratiques qui seront amenés à perdurer (formation d’un bureau, bulletin nominatif déposé dans une urne, proclamation des résultats, procès-verbal transmis à la préfecture), le scrutin n’a pas mobilisé les foules peut-être gênées par l’analphabétisme encore courant ou l’absence d’isoloir.
Avec la Terreur se met en place un comité de surveillance destiné à compléter l’action du maire. A Rueil, ce comité est présidé par Nicolas Vaze, adversaire malheureux à l’élection municipale de Aaron Lavoipierre. L’ambiance est tendue mais personne ne sera guillotiné. La lutte contre l’Eglise se renforce : on ferme des écoles religieuses, on vend le presbytère.

Mandat Jean-Baptiste Delacroix (1795-1795)

Avec la Convention Thermidorienne de juillet 1794 qui met fin à la Terreur, le comité de surveillance de Rueil est dissout. Mais la municipalité doit faire face à des accusations d’incurie et d’incapacité par le District de Versailles. L’épuration de la municipalité Lavoipierre mène à la nomination en 1795 du propriétaire rentier Jean-Baptiste Delacroix après plusieurs péripétie (dont le refus initial de l’intéressé).

Il sera le dernier maire de Rueil de la période révolutionnaire puisqu’en 1795, par souci d’efficacité sont supprimées les communes de moins de 5000 habitants, leurs pouvoir étant transférés au canton. Deux agents représentent Rueil auprès de la municipalité cantonale qui se réunit à Marly et qui défendent une politique plutôt conservatrice assez peu révolutionnaire, pour tout dire prudente.

Source: Aline Fonvieille-Fojtovic, Rueil-Malmaison (1789-1939), démocratie locale et identité urbaine
Sources iconographiques: Plantation d'un arbre de la liberté, Jean-Baptiste Lesueur (1749-1826)  & Président de municipalité cantonale sous le Directoire

Commentaires

Articles les plus consultés